La fuite du Temps.
Présentation : Ca aurait aussi put s'appeller "Welcome to Deprime-Land"...
* La dernière phrase ne dervrait pas être en police si grande, mais allez savoir pourquoi, mon ordinateur pique une crise... *
LELIA – Nore, regarde moi !... Nore !
LEONORE, en regardant son amie et en soupirant – Quoi, Lélia ?
LELIA – Qu’est ce qu’il se passe ?... Ne fuis pas mon regard ! Pourquoi es-tu si triste ? Parles moi bon sang !
LEONORE – Mais il n’y a rien !
LELIA – Ne va pas essayer de me faire croire ça. A qui tu veux, mais pas à moi… Je t’en pris, je n’aime pas te voir si triste...
LEONORE – Ce qui ne va pas ? Pourquoi je suis si triste ? Pour les mêmes raisons que toujours ! Les mêmes qu’hier, qu’il y a dix ans et que demain !
LELIA – Et quelles sont-elles ?
LEONORE – La vie.
LELIA – La vie ?
LEONORE – La vie.
LELIA – Quoi la vie ?!
LEONORE, s’emportant – Es-tu aveugle, ma Lélia ? Ou peut-être naïve ? N’as-tu pas remarqué que le monde dans lequel on vit n’est pas tout beau, tout rose ? Que nous ne sommes pas dans le monde des bisounours ?!
LELIA – Si, mais…
LEONORE, l’interrompant – Mais quoi ? Ce monde est moche, et horrible. Regarde ! Regarde autour de toi, qu’est ce que tu vois ?
LELIA, en regardant autour d’elle – Ben… Une chambre de fille de seize ans…
LEONORE – Décris la moi.
LELIA – Qu’est ce que tu veux me montrer ? Soupire. Ok, ok, je décris… Alors… Un lit défait, des murs bordeaux, un bureau, un tapis, une chaise, un pouf, un miroir, une armoire, un chevalet une bibliothèque… et deux filles au milieu… Ta chambre quoi !
LEONORE – Détails. Les murs, le bureau, le lit… Dis moi tout ce que tu vois !
LELIA, s’énervant – Tu es agaçante à la fin ! où veux-tu en venir ?
LEONORE – T’occupe, et décrit.
LELIA, agacée – Ce que je peux te détester quand tu fais ça ! Alors, je vois des posters de groupes de musiques sur le mur, des photos de magasines de mode, des stars…
LEONORE, yeux fermés – Continu…
LELIA – … Un lit en bordel, avec des peluches dessus. Un bureau avec beaucoup de feuille, des cahiers, des crayons… Une pile d’affaire assez énorme – faudrait que tu ranges ça un de ces quatre… Ok, ok, je continue ! Mmmh… Un dessin inachevé sur le chevalet. Une bibliothèque pleine à craquer. Des chaussettes sales parterre et un boxer qui
LEONORE, l’interrompant – C’est bon ! Merci. Tu vois, ma chambre est le reflet type de ce monde.
LELIA – Comment ça ?
LEONORE – Nous sommes obligés d’avoir des modèles pour survivre. Nous ne pouvons faire sans. Que ce soit des hommes politiques, des stars, des peintres ou même nos parents ! Nos ne pouvons évoluer sans ses figures qui nous sont supérieurs et que nous admirons. Comme cela nous rabaisse ! Regarde mes posters… Que ce que c’est concrètement ? Des gens, comme toi et moi, qu’on a pris en photo et qu’on nous a vendus comme de la viande. Qu’on nous a forcé à admirer quelque part…
LELIA – On ne nous force à rien du tout ! Si tu aimes leurs musiques, leurs jeux, leurs peintures, on ne te force pas à les apprécier, on ne peut pas te forcer à ça !
LEONORE – C’est ce qu’on te fait croire ça, Lélia ! On te fous ça sous le nez, certes, tu as un choix, mais il est forcement restreint, ce choix ! Si on nous avait exposé à la base que deux genres de musique, on n’aurait jamais rien connu d’autre !
LELIA – Si ! parce que les gens, certains musiciens par exemple, auraient créer d’autre choses d’eux-mêmes !
LEONORE – Si les gens qui ont le pouvoir ne veulent pas que ces choses qui sont crées existent, ils peuvent les supprimer comme ils veulent. Si on connaît tout ça, c’est parce qu’on a accepté de nous les laisser ! Peut-être qu’il y aurait eut quelques anarchistes, quelques révolutionnaires dans le tas… Mais peu. Et toutes notre vie, de notre plus jeune enfance jusqu’à notre mort, on nous force à avoir ces idéaux, ces personnes qu’on sacralise qui ne sont rien d’autres que des humains à la base. On nous écrase. Que ce soit avec ces gens manipulés, ou bien même nos supérieurs ! Parents, Professeur, Adulte, Patron, Banquiers… On est toujours opprimé par quelqu’un d’autre, toujours enfermés !
LELIA – …
LEONORE – Mon lit tiens. Les peluches dessus. Signe que je refuse de grandir ! Que je veux rester petite, que je ne veux pas entrer dans ce monde effrayant. Mais est-ce qu’on nous laisse le choix ? Bien sur que non ! Personne n’ait jamais parvenu à rester un enfant ! Même Peter Pan, qui est resté l’emblème de cette résistance ! Oh non, il ne grandit pas, il meurt ! Mon bureau en bordel… forme de révolte aussi. Je me révolte inconsciemment contre ce monde qui veut que tout soit bien propre, bien rangé, tout organisé, que chacun ait sa fonction, que rien ne déborde… le monde tout rose dont je te parlais ! On veut nous faire croire qu’il existe. Mais c’est faux ! tellement faux !
LELIA – Tu ne parles que des choses mauvaises ! Il y a aussi des bons moments ! des choses bonnes dans ce Monde !
LEONORE – Mais éphémères Lélia ! Je continus. Pour finir, tiens, mon chevalet et ma peinture dessus, ou encore les cahiers. Ou même la bibliothèque ! Ce monde est pourri, et on le sait. La preuve, on essaie d’y échapper par tous les moyens ! L’imagination, l’écriture, la peinture, les rêves, la musique, la lecture… Mais jamais on ne pourra y échapper !
LELIA – Oh c’est bon Nore ! Arrête de voir soudainement tout sombre ! C’est quoi ton prochain argument ?? Le ciel gris dehors ? La pluie ? Et le soleil, tu y penses hein ? Les deux filles qui sont au milieu de cette même chambre, ne symbolisent-elles pas l’amitié ? N’est-ce pas une chose magnifique ?! Ce boxer sale par terre, ne signifie-t-il pas l’Amour ? Et c’est pas beau, ça ? Que ce soit d’une tierce personne ou de ta famille ? Et
LEONORE, regardant par la fenêtre, les larmes aux yeux – Je suis Peter Pan.
LELIA – Hein ?
LEONORE – Je suis Peter Pan.
LELIA – Comment ça ? Je ne te suis plus là ? Tu ne veux plus grandir c’est ça ?
LEONORE, se levant et criant en pleurant – Parce que le temps passe ! Le temps s’écoule à une allure folle ! Une seconde de passée, c’est une seconde qui nous rapproche de la mort ! On a un chronomètre au dessus de notre tête, un minuteur, appelle ça comme tu veux, qui compte le temps qu’il nous reste avant de mourir ! On a une hache là, juste au dessus de nous ! Et pourtant, on ne fait rien ! Rien de rien ! On fait toujours la même chose qui nous mène à quoi ? A devenir la même chose que nos parents, pour faire comme eux, pour faire des enfants, et tout recommence ! Bordel, je vais mourir !
LELIA, qui commence à avoir peur – Et heureusement que tu vas mourir ! Tu imagines autrement, de vivre éternellement ! Nous avons encore beaucoup de temps devant nous, libre à toi de changer de mode de vie. « Carpe Diem ». Tu peux toujours appliquer ça. On a toute notre vie, et dieu sait si c’est long !
LEONORE – Non.
LELIA – Non ?
LEONORE – Non, tu ne comprends pas.
LELIA – Effectivement, je ne comprend pas, explique toi.
LEONORE – Je n’ai que seize ans. J’ai encore rien vu, et rien fait. Et je vais mourir.
LELIA, effrayée – Pourquoi tu dis ça ? Tu vas vivre longtemps, et avoir une belle vie…
LEONORE, sanglotant – Je suis malade Lélia. J’ai juste seize ans, et ils ne me laissent pas plus de deux mois à vivre encore. Je vais mourir Lélia, j’ai rien vu, rien fait et je vais mourir.
LELIA – … Nore… dis moi que c’est faux, je t’en supplie !
LEONORE – Je vais mourir… JE VAIS MOURIR ! Oh Lélia, j’ai si peur ! Je déteste, je déteste ce monde, je déteste ce monde ! J’ai peur… je hais ce temps !