Acceptez-moi telle que je suis...

Bip. J'éteins mon portable, qui me sert aussi de réveil.
Je me lève, il est 7h. Va falloir aller se préparer : aujourd'hui, je change de lycée.
Je m'étire lentement mais sûrement et me regarde dans le miroir : en effet, quand on me regarde, on ne peut pas croire que je suis un peu différente. Les gens ne se fient qu'à l'apparence...

- Ma chérie, tu es levée ? cria ma mère depuis le salon. Ton petit-déjeuner est prêt.

Je sors de ma chambre et file vers la cuisine, où ma mère boit tranquillement son café. Je m'approche d'elle pour lui faire la bise, qu'elle me rend automatiquement.

- Allez dépêche-toi, on doit éviter d'arriver en retard, dit-elle.
- ...

Céréales engloutis, je remonte vers ma chambre me changer et faire ma toilette. Pas de maquillage.
Préparation finie, je descend rejoindre ma mère qui m'attend dans le salon, élégamment vêtue d'un tailleur bleu marine. Je sors la première de notre maison, en empoignant mon sac à dos Rip Curl bleu foncé, assorti à mes Skechers, et qui met en valeur ma tenue essentiellement composée de noir (veste et jeans noir, sauf la chemise, blanche).
Dans la voiture, direction le lycée. Il est 7h48. On va arriver en retard.

Le trajet se passe en silence, ma mère sait très bien que je n'apprécie pas trop les conversations, surtout matinales. Mais ça ne l'empêche pas de me rassurer sur mon futur établissement.
Nous sommes en effet en fin avril, je change de lycée alors que je suis en terminale, en pleine préparation pour le bac. Ce changement m'était vital, non je n'exagère pas sur les mots : mon précédent lycée était pour filles, et personne ne m'avait épargné. J'en suis ressortie affaiblie, et aussi méfiante. Il ne faut vraiment pas se fier aux apparences.
Je regarde par la fenêtre les paysages qui défilent en cette journée ensoleillée. J'essaie de ne pas trop penser à ce qui pourrait arriver.

Arrivées au lycée, ma mère me conduit rapidement au bureau du proviseur.
8h02. Nous sommes en retard en effet.

Le proviseur m'accueille avec son plus grand sourire (hypocrite ?!). Apparemment, il sait pour moi, tous les professeurs doivent le savoir d'ailleurs, et ensuite tout le lycée le saura. Je serai encore pointée du doigt...Mais cette fois-ci je tiendrais bon, j'ai bien tenu plus de 2 ans dans mon ancien lycée, 3 mois ici à côté, ce n'est vraiment rien.

En se dirigeant vers ma future classe, le proviseur me donne mon emploi du temps, et me guide vers mon premier cours, mon préféré : l'anglais.
Ma mère, étant en retard pour son travail, me laisse malgré elle entre les mains du proviseur, qui s'arrête à une salle, la 201.

TOC TOC. Il ouvre la porte et entre. Derrière lui, je vois les élèves se lever, puis se rasseoir, sur ordre du principal.

- Bonjour à tous, vous pouvez vous rasseoir, je ne fais que passer, lança rapidement le proviseur.

S'ensuit une conversation à voix basse entre lui et le professeur d'anglais, une femme très élégante.

- Je vous laisse vous en occuper.
- Vous pouvez comptez sur moi, le rassura Teacher.

Le proviseur se retourne alors, me regarde, me sourit et me guide vers le bureau de la prof, puis s'en va.

CLAC. La porte se ferme.
De profil à la classe, la tête basse. Ne sachant que faire, je pose mon sac, l'air de rien, et fixe le sol. Teacher, ayant compris mon malaise, me regarde et m'adresse un sourire plein de gentillesse.
Elle se retourne, se dirige vers moi, mon dos exactement, et pose ses mains sur mes épaules, et me tourne vers la classe malgré moi. Je finis par relever la tête et aperçois une trentaine de têtes intriguées par ma présence. Teacher finit par prendre la parole pour rompre ce silence très pesant.

- Bien, avant de commencer le cours, j'aimerais que vous accueilliez chaleureusement cette demoiselle qui a dû changer, malgré elle, de lycée.
Elle s'appelle Nathalie, a 17 ans et comme vous, prépare le bac...

Teacher s'arrête, se penche et me regarde, comme si elle attendait mon signal pour annoncer la suite.
Pour réponse je prends une grande inspiration.

- Pour finir, poursuivit Teacher, il faut que vous sachiez que votre camarade est malheureusement atteinte d'aphasie : elle n'a pas usage de la parole...

A cet instant, je vois plusieurs élèves écarquiller les yeux et/ou ouvrir la bouche tellement ils sont stupéfaits.
J'avale difficilement ma salive.
Mon calvaire peut commencer...

Ptit mémo ^^
*pensées*





- Bien, finit par dire le professeur d'anglais, tu peux aller t'asseoir ici, à côté de Jeff.

Elle m'indique alors une place vacante, sur ma gauche, où le supposé Jeff semble ravi de m'avoir comme binôme. Je prends alors mon sac et me dirige vers ma table, sous les regards et messes basses de "mes camarades de classe". Je m'asseois tranquillement sans faire attention à eux, et sors calmement mes affaires, trousse et trieur.

- Alors, c'est vrai que tu peux pas parler ?

Pas de réaction. Je m'obstine à regarder le tableau noir, où Monday, April 28th est écrit.
Et pourquoi devrais-je réagir à cette question fort stupide ?! Mon voisin a vraiment un drôle humour...

- Allons Jeff, cesse de dire des bêtises, le cours a commencé !! fit remarquer Teacher.
- Désolé Madame, répondit Jeff, je voulais juste détendre l'atmosphère.
- En parlant de ça Madame, comment a-t-elle fait pour passer les oraux du bac ? demanda un élève.
- Et aussi, ne serait-elle pas mieux dans une école disons...avec des gens comme elles ? nota une autre "camarade". Vous savez, l'aphasie est, plus précisément, un trouble du langage qui peut présenter des différences considérables : certaines personnes ne montrent que des incertitudes légères, pour trouver leurs mots par exemple, alors que d'autres ont presque totalement perdu la faculté de s'exprimer par le langage, de comprendre ce qu'on leur dit, de lire et/ou d'écrire, alors que d'autres facultés, comme la mémoire ou l'orientation, sont préservées...
- Merci pour cette brillante définition Coralie, grogna Teacher, poursuivons le cours je vous prie.

Teacher semble furieuse et essaye de raisonner les élèves, qui continuent de plus belle à parler de mon sort : parle pas ou un peu ? D'autres soucis ?
Personnellement j'en ai vraiment rien à faire...Vraiment...Mais là j'aimerais beaucoup que le cours reprenne, non seulement parce que j'adore l'anglais mais aussi pour avoir du calme.
"Mes camarades" qui ont l'air de débattre sur mon cas, Teacher qui crie à tout va pour remettre dans l'ordre...Tout ce mélange me donne la nausée...Les mots, les cris entrent en moi, se mélangent maladroitement et finissent par donner un son dont je n'arrive pas à saisir le sens...Je ne comprends plus...Rien...A ce qu'ils disent...Je commence à respirer de plus en plus vite...Mon coeur s'emballe...Je ferme les yeux, agrippe ma veste et prie pour qu'ils s'arrêtent.
Les élèves, qui continuent de parler...*ARRETEZ*
Teacher qui crie...*JE VOUS EN PRIE...*
Les élèves qui parlent toujours...*CESSEZ...S'IL...S'IL VOUS PLAIT*
Teacher qui finit par abandonner...*NON...*
Ce qui laisse les élèves libres à la discussion...*JE...S'IL VOUS PLAIT*
Ma respiration s'accélère...*J'AI...JE ME...SENS...PAS...BIEN*
Je ne tiens plus...Je serre mon poing droit et...


Mon poing vient de s'écraser sur la table, ce qui directement a amené le silence.
Mon souffle est toujours irrégulier, mais je me sens déjà mieux.
Je sens alors une main se poser sur mon épaule...*NE ME TOUCHE PAS !!!!*
J'envoie violemment balader cette main, qui s'avérait être celle de Jeff, qui paraît effaré.

- Excuse, je pensais que tu allais mal, apparemment non.

Il se masse la main que j'ai envoyé contre le mur, je lui ai fait mal et je n'arrive pas à me sentir coupable.
Teacher s'approche de moi, les mains hésitantes à se poser sur moi, au vu de ce que j'ai fait subir à Jeff.

- Tu vas mieux ? Elle soupire puis se tourne vers la classe.
Je vous avais demandé d'arrêter, voyez où tout cela mène.
Maintenant le prochain que j'entends aura -5 sur son prochain devoir, et si ça ne suffit pas, ce sera carrément 0 et 3h de colle.
Si vous m'avez bien compris, reprenons le cours.

Qui se passa dans le plus grand silence...

La sonnerie retentit, "mes camarades" s'empressent de sortir. Teacher me retient.

- Je voulais te prévenir que pour le prochain cours, le professeur de Mathématiques est absent aujourd'hui, tu as donc une petite heure pour te reposer.
Après la récréation, tu as 2h de Physique-Chimie, c'est en salle 207, c'est juste à côté.
J'hoche la tête, lui montrant que j'ai compris.
- Je suis désolée pour le raffut provoqué par tes camarades, poursuivit-elle, ils ne sont pas si méchants que ça d'habitude, je suis sûre que tu t'entendras bien avec eux, avec le temps.
Je la regarde puis incline ma tête pour la remercier et pars enfin.

Je quitte alors la salle où la classe suivante attend d'entrer en cours.
Regards...Chuchotements...Rires...
Je m'empresse d'aller aux toilettes rejeter toute cette pression...Je suffoque, ma respiration est lourde. Je sors ma bouteille d'eau pour me rafraîchir, j'ai si chaud. D'un trait je vide ma bouteille, et me laisse tomber sur le mur, où je me calme lentement...

La sonnerie me réveille. Je regarde ma montre : 10h, l'heure de la récréation.
Je prends mon mp3 pour éviter un autre malaise, et sors malgré moi des sanitaires.

- T'étais où ? On t'a cherché partout !!!!
Je me retourne alors et vois 2 filles, tout sourire.
Toujours en train d'écouter mon mp3, je les regarde, un peu surprise.
- Au fait, moi c'est Audrey et elle Charlène, me dit l'une.
- Reste pas seule, viens avec nous, rajouta l'autre, apparemment Charlène. Et fais pas attention aux ragots dans la classe hein, yen a tout le temps. Ces temps-ci ça commençait à manquer et là c'était l'occasion idéale pour tout relancer.
- Mais ne t'inquiètes pas, on sera là pour t'aider, sourit Audrey.

Je les regarde d'un air suspicieux. J'ai déjà rencontré des filles qui faisaient style de sympathiser, mais au final elles me méprisaient ou lorgnaient seulement sur la richesse de mes parents. Celles-là sont peut-être pareilles. Mais j'apprécie le fait qu'elles ne soient pas très bavardes.

- T'écoutes quoi ? me demanda Charlène. Fais voir.
Elle regarde alors mon I-Pod où défile Tokio Hotel : In die Nacht.
- Ah t'écoutes...Euh Tokio Hotel ? dit Charlène, un peu surprise.
Un peu vexée, je confirme ses dires.
- Enfin c'est pas pour ça que je vais t'ignorer hein !!! se rattrappa-t-elle. C'est juste que j'aime pas du tout, mais après tout tu fais ce que tu veux hein.
- J'aime pas non plus à vrai dire...ajouta timidement Audrey.
Au fait, tu sais qu'ils vont être interviewés ce jeudi, pas très loin d'ici ? Si tu t'y prends bien, tu pourrais les rencontrer !!!! En plus c'est férié jeudi.
- Depuis quand tu suis leur actualité toi ?
- Pas de ma faute, c'est ma ptite cousine qui me sôule grave avec...lâcha Audrey, l'air blasé.
Charlène rit alors, suivie d'Audrey. Devant cette scène, je ne peux m'empêcher de sourire du coin.
- Tu devrais sourire plus souvent tu sais, dit Audrey en me regardant.
- Clair, ça te va beaucoup mieux, ajouta Charlène.
- Tu sais, quand on te regarde tu as l'air tellement triste, et ça se comprend. Aussi on peut pas te rater, t'es plutôt jolie...
- Bien charmante oui, j'ai toujours trouvé les asiatiques super belles.
Mais bon, attends-toi à des "T'es bonne tu sais ?" ou à des trucs du genre...
- Sauf que là, la situation est plutôt compliquée, nota Audrey. Tu attires facilement les regards mais la rumeur comme quoi tu es une fille froide et en plus "handicapée" si je puis dire va t'attirer pas mal d'ennuis je pense...
- On peut pas te garantir ta protection à 100% mais on est là si t'as des soucis, OK miss ?
- Exactement, n'hésite pas à t'appuyer sur nous, conclut Charlène.

Je les regarde. Ces filles ont vraiment l'air sympas. J'hésite mais finis par aquiescer.
La sonnerie retentit, j'enlève mon mp3 et le range soigneusement dans mon sac. La multitude de voix résonnant dans les couloirs me parvient alors. Je m'accroche et respire profondément. Je me redresse et vois plusieurs têtes qui me regardent, qui parlent, qui sourient, qui rient de moi. Le restant de ma classe m'évite, me toise du regard, avec plus ou moins d'aversion à mon égard.
Je détourne mon regard pour le poser sur ceux de Charlène et Audrey, qui me sourient.
Le professeur arrive alors et ouvre la salle. Mon coeur s'emballe. Mais ça ira.
Car cette fois-ci, je ne suis pas seule...

16h20. Je me sens plutôt bien. Il s'est passé plusieurs choses aujourd'hui mais là pour moi la journée est finie, j'attends ma mère qui doit venir me chercher. Les cours ont été assez mouvementés, et dans l'ensemble presque tout le monde m'évite... Je ne peux pas trop leur en vouloir. Je place une barrière entre eux et moi. Et jamais je ne la traverserai...

Le cours de Physique-Chimie avait pourtant l'air de bien se passer. Le professeur est une personne plutôt stricte mais il s'est adouci à mon égard. Il m'a fait passer au tableau et m'a un peu trop complimenté, ce qui n'a pas vraiment plu aux autres, ni à moi d'ailleurs, je ne tiens pas à être privilégiée à cause de mon "handicap". Les enseignants ne voient donc pas à quel point ça me blesse d'être traitée ainsi ?! Au contraire, je veux être comme les autres... Dites-moi quand ça ne va pas... Faites-moi des remarques plus méchantes... Criez sur moi s'il le faut... Mais je vous en prie... Pas de ton trop doux... Pas de sourires forcées non plus... Ni de "vous êtes parfaite"... Non, je suis ce que je suis. Aphasique... Et seule.
Etant entrée en dernière, j'ai dû me placer seule tout devant, Charlène et Audrey étant assises à côté. Normal. Je ne peux pas leur en vouloir... Surtout que je commence à mieux les cerner : ce sont les rares personnes à se montrer aimables envers moi.
La preuve : à 12h elles m'ont proposé d'aller déjeuner avec elles dehors, car ensuite nous avons sport, et elles sont en natation, il faut 15 minutes pour arriver à la piscine. J'ai beaucoup hésité mais j'ai préféré rester manger à la cantine...Même si maintenant il est trop tard pour regretter.
Arrivée à la cantine, seule, je paye un ticket 2 euros 50 et choisis mon menu : salade, oeufs mayo, purée avec saucisse de Toulouse et une part de tarte aux pommes avec une madeleine fourrée au chocolat, que je mangerai sûrement pour le goûter. Je m'en vais alors chercher une place, mes mains tremblent un peu, il y a tellement de gens... Tellement de bruits... Je reprends calmement mon souffle et trouve une place vacante, où un groupe de filles discute joyeusement à côté. Mes lèvres tremblent... J'aimerais tellement me joindre à elles... Mais non, idiote... Tu sais très bien que tu ne peux pas...
Ravalant mon amertume, je commence à manger. Jusque là j'étais plutôt tranquille, jusqu'à ce qu'on vienne m'accoster... Un groupe de garçons. Ce qui ne manque pas d'attirer l'attention des filles à côté.

- Salut beauté... dit l'un d'eux, tout sourire.
Mais qu'il est lourd... Je fais mine de ne pas l'avoir vu.
- Dis-moi t'es nouvelle non ? poursuivit-il. Sinon je pense que je t'aurais remarqué avant, on peut pas te louper tu sais.
Tout en l'ignorant, je continue mon repas, attaquant mon dessert.
- Hey, tu pourrais répondre au moins quand on te parle !!! hurla le même adolescent.
J'avale difficilement un bout de tarte. Ce type est un abruti pas fini.
Un gars se met alors à chuchoter à son oreille.
- Hein ?! Il se tourne vers moi. Alors c'est toi la fille qui peut pas parler ?
Je finis ma tarte, ignorant toujours cet idiot...
- Ahah, je comprends mieux. Mais bon c'est pas un souci tu sais... Enfin...
En y pensant, ça donne quoi alors quand tu jouis ?
Les filles se sont arrêtées de parler et nous regardent. Je ne me vois pas mais je suis sûre que mes yeux ont dû sortir de leurs orbites... Ne me parle pas de ça, ça me rappelle de mauvais souvenirs... Et surtout ça attire l'attention de gens trop curieux. Nous voilà entourés de personnes intriguées par notre dialogue... Et sans doute par moi...
- Bon, tu pourrais au moins dire oui ou non !!! Alors quand tu jouis ça fait du bruit ?! demanda l'abruti.
Sans me soucier de lui je me sers un verre d'eau.
Les gens regardent la scène mais n'interviennent pas... Ce qui est tout à fait normal.
- T'es vraiment chiante comme fille !! conclut-il. Enfin on peut pas trop t'en vouloir si t'es pas très... Bavarde !!

Hilaritude quasi générale. Et là ça recommence... Ces sons indescriptibles... Ces mots que je ne comprends plus... Mes yeux me font mal, je les ferme... Une migraine atroce trouble mon esprit... Pas besoin d'attendre que ça se calme. Je serre direct le poing et...


Mon poing droit s'écrase violemment sur ma madeleine, mais le choc était tel que le piché s'est renversé. L'eau coule alors lentement sur la table puis s'étale sur le sol... Le silence est là.
Je n'attends pas la réaction des gens autour, je me lève, prends ma madeleine maintenant écrasée et mon sac, puis le plateau, et pars comme je peux...

- Hey, cria l'idiot en essayant de me rattraper, on n'a pas fini de parler toi et moi !!!!
- Qu'est-ce qui se passe ici ?!

Un surveillant était enfin arrivé sur les lieux, j'en profite alors pour m'éclipser aussi discrètement que possible dans les toilettes... Et rejeter tout ce que je venais de manger.
Je m'appuie sur le mur, le souffle coupé...

Il est maintenant 16h27. Ma mère ne devrait pas tarder. Je sors du sac ma madeleine maintenant aplatie, mais qui reste malgré tout délicieuse.
Une légère brise vient caresser mes épaules découvertes. C'est agréable.
Il a fait tellement chaud en sport que j'ai dû me mettre en débardeur (je mets toujours un débardeur sous une chemise). J'avais peur de sentir la transpiration en allant en cours, heureusement que Charlène m'avait prêté son déodorant.
Le cours de sport s'est passé plutôt mal. Et comme toujours tout cela est de ma faute. Tout ça parce que j'ai humilié le soi-disant meilleur en badminton, un gars qui fait partie d'une autre classe (car les cours de sport se déroulent avec 3 professeurs pour 2 classes). Et le fait que le professeur ait voulu connaître mon niveau n'a pas tellement arrangé les choses, vu que je l'ai battu... Certains disent qu'il a fait patte molle. Mais ça ne m'a pas empêché de gagner tous mes matchs... Et d'avoir tout le groupe contre moi.
Les filles se sont bien moquées de moi car je n'avais pas de tenue de rechange. Elles se pinçaient le nez tout en gloussant à qui mieux-mieux...

16h30. Je pense aux autres, surtout à Charlène et Audrey qui sont en plein devoir de SVT. Moi non, je ne le fais pas. Selon le professeur, "je n'en ai pas besoin". Cette phrase à la rigueur aurait suffit, sauf qu'il a rajouté "Tu es tellement douée", ce qui a provoqué la colère de ma soi-disante rivale, Coralie, qui apparemment est la première de la classe.
"Parfait", "douée"... Des mots agréables à entendre pour certains, mais pas pour moi. Je donnerais volontiers tout mon talent pour être comme les autres... Comme vous.

Le temps à la rêverie s'arrête, ma mère est arrivée. Pas de grande discussion, si ce n'est l'unique question de savoir si le professeur avait le droit de me laisser sortir du lycée.
Généralement non, mais ça m'est égal.

Arrivées à domicile, je vois la voiture de mon père... Je souris alors. Sourire à ses parents ça je sais le faire, et c'est tout à fait normal. Mais pour les autres non.
On dirait que j'ai oublié comment faire, et il n'existe pas de mode d'emploi pour ça...
Je me précipite alors dans la maison, je pose mon sac et vois mon père dans le salon. Il me sourit chaleureusement et me prend dans ses bras. Je ferme les yeux et lui rend l'accolade. Je ne vois pas souvent mon père à cause de son travail, j'essaye donc de profiter au maximum de ses rares présences.

- Comment tu vas ma chérie ? demanda mon père, en m'embrassant la joue.
Je lui souris, lui rend la bise et hoche la tête pour lui dire que je vais parfaitement bien.
Ma mère arrive alors, embrasse mon père et me regarde.
- Il faut qu'on te présente quelqu'un ma chérie, me prévint-elle.
Je les regarde, intriguée, me demandant qui pourrait venir me voir.
- On en a longuement parlé avec ta mère mon ange, et on a décidé d'engager quelqu'un...Et pas n'importe qui. C'est l'un de mes plus fidèles clients qui me l'a conseillé.
Ce qui ne me rassure guère. Comme une gamine non contente de son nouveau jouet, je me mets à bouder.
- Allez viens, poursuivit mon paternel, cette personne t'attend dans la cuisine.

Mes parents me prennent alors par les épaules et me guident vers la cuisine... Vers la personne qu'ils ont engagé... On peut se demander qui m'attend... Mais j'ai déjà un mauvais pressentiment...

Ptit mémo pour l'héroïne ^^
"langage des signes"


Accompagnée de mes parents, j'entre alors dans la cuisine...
J'aperçois une ravissante jeune femme de 25 ans maximum, buvant timidement son café.
- Ma chérie, commença mon père, voici Sylvie, elle est polyglotte, elle sera en quelque sorte ta tutrice. Elle s'installe ici à partir d'aujourd'hui, et sera là pour toi 24h/24h s'il le faut.
Sylvie se lève, pose la tasse et s'approche de nous. Elle me regarde. Elle a l'air très intimidée.
- On a beaucoup hésité, continua ma mère, on sait que la dernière fois ça s'était mal passé, mais nous avons entièrement confiance en elle. Sylvie, nous comptons sur toi pour soutenir notre fille.
- Je ferai tout pour bien m'entendre avec Nathalie, répondit Sylvie en s'inclinant.
Elle me regarde. Je l'ignore, mais mon père m'a vu.
- Allons Nathalie, tu n'es pas très polie !!! me gronda-t-il. Tu lui as dit bonjour j'espère ?
Je m'incline alors malgré moi pour la saluer.
- "Bonjour ", fit-elle avec ses mains.
J'ouvre mes yeux en grand. Je n'ai pas rêvé : elle connaît le langage des signes.
Ma réaction a l'air de plaire à mes parents, qui sourient.
- Tu vois, dit ma mère, elle connaît le langage des signes, tu pourras lui dire tout ce que tu penses, toutes tes craintes, tout ce que tu voudras. On pourra ainsi mieux t'épauler ma belle, je pense que c'est à cause de ça que la dernière fois ça a mal fini...
- Allons, pas de soucis à se faire, rassura mon père, j'ai entièrement confiance en elle. Viens Sylvie, je pense qu'il faudrait que toi et ma fille vous fassiez connaissance.
- Euh oui, répondit-elle tout en me regardant. Enchantée, Nathal...

Je ne lui laisse pas le temps de finir. Je me défais des bras de mes parents qui me tenaient par les épaules, sors de la cuisine, prends mon sac et file dans ma chambre. Je les entends déjà soupirer.
Arrivée, je lance mon sac et contre le mur et m'écroule sur le lit. Je ne suis pas heureuse du tout... Enfin si en quelque sorte... Mais j'ai peur... Peur que ça fasse comme avant...
TOC TOC. On ouvre la porte. Allongée sur le ventre, je ne vois pas qui entre.

- Nathalie ? Excuse-moi de te déranger... Euh...
Ecoute, si jamais tu veux que je sorte fais-le moi comprendre !!
Sylvie ? Que me veut-elle ?
Je l'entends fermer la porte et ses pas s'approcher de moi.
- Tu sais, j'ai longuement parlé avec ton père. Je ne peux pas dire que je connais tout de toi, non ce serait exagérer. Par contre je peux affirmer que tu as traversé des moments très difficiles, que malgré la confiance de certaines personnes on a fini par te trahir, et c'est pour cela que tu n'arrives plus à t'ouvrir aux autres...
Silence. Je la sens derrière moi, ses mains hésitantes à me toucher...
- Tu dois me croire bien prétentieuse mais je pense que moi je pourrai t'aider. Non, j'en suis même sûre.
Je serai toujours là pour toi, quand tu auras mal, quand tu voudras de l'aide, ce que tu veux... Huh... Alors, je t'en prie... Huh... Ne... Snif... Aie confiance en moi, jamais je ne te trahirai... Huh, snif...
Ne me déteste pas...

Je me relève, me retourne et la regarde. Elle est à genoux, les mains repliées sur son visage et pleure de tout son corps. Je n'arrive pas à y croire. C'est la première fois de ma vie que je fais pleurer quelqu'un.
Et ça me rend toute chose. Je ne sais pas quoi faire. Elle a l'air si faible... J'ai l'impression de me voir quand je pleure...
Je m'approche alors d'elle, m'agenouille et serre dans mes bras son corps qui tremble. Elle relève alors son visage, me regarde et me sourit. Un magnifique sourire. Cette jeune femme est très belle, avec son visage souriant et ses jolies larmes qui coulent doucement de ses yeux vert-bleu.
Je lui rend son sourire, timidement.

- Merci... dit-elle, reprenant son souffle. Je... Tu vois, quand tu auras envie de pleurer je serai la pour te consoler, comme tu l'as fait pour moi.
Je lui souris timidement.
- Je le savais que tu étais une personne pure. C'est juste les gens qui t'entourent qui t'ont souillé. Je ferai tout pour que tu retrouves à nouveau ton beau sourire.
Elle me prend alors les joues et les tire pour essayer de faire apparaître un sourire, mais n'y arrive pas. Je lui prend alors ses mains et lui ressouris, pour lui montrer que je compte sur elle pour me soutenir.
- Au fait, tes parents m'ont raconté que tu aimais beaucoup les Tokio Hotel, que c'est grâce à eux que tu as pu tenir dans les moments durs...
J'acquiesce ses dires par un mouvement de tête.
- On va les voir jeudi ? me proposa-t-elle. Je t'y emmène. A partir de maintenant c'est moi qui te suivrai partout, je t'emmènerai au lycée tous les matins, je m'occuperai de toi...
Et crois-moi on ne va pas s'ennuyer ensemble...

"S'ennuyer ensemble"... Ces mots résonnent encore en moi, comme un écho.
En effet je n'ai guère eu le temps de m'ennuyer. Nous voilà déjà jeudi. Jour où Sylvie compte m'emmener voir les Tokio Hotel.
Mes cours se sont plutôt bien passés, je n'ai eu qu'à fermer les yeux quand quelqu'un (souvent Coralie) me "provoquait", mais ces évènements se font de plus en plus rares. Puis Charlène et Audrey m'ont beaucoup soutenue, elles sont restées tout le temps avec moi. On s'est même échangées nos numéros de portable. Ce qui a vraiment fait plaisir à mes parents et Sylvie. Moi aussi, évidemment. J'ai l'impression de changer, de devenir quelqu'un de bien, de mieux.

Nous voilà arrivées au lieu où les TH vont donner une interview, qui sera rediffusée samedi soir.
Sylvie m'a forcé et m'a maquillé, pour la coiffure elle m'a laissé m'attacher les cheveux avec une pince, ce qui n'est guère confortable pour la tête quand je m'asseois sur le siège de la voiture. Pour les vêtements je ne me suis pas cassée la tête : jean noir, pull blanc, veste noire, et toujours mes Skechers.
A peine descendues de la voiture, on voit la foule de fans agglutinée contre les barrières et les vigiles qui les repoussent comme ils peuvent. Je sens alors des noeuds se former dans mon ventre : avec tous ces bruits, le malaise est quasi assuré. Sylvie m'attrape par la main et me tire vers la foule. Je résiste mais elle me traine, me voilà dans la foule, essayant de doubler les fans venues avant nous... Ce qui bien sûr ne leur plaît pas. Elles finissent par me repousser et je lâche alors la main de Sylvie, qui continue malgré tout sa route.

Je sors comme je peux de cet attroupement de fans et m'asseois sur un banc pour reprendre mon souffle.
C'est alors que les filles se mettent à crier. Je relève la tête et aperçoit la chevelure proéminente de Bill.
Oh mon Dieu, je les vois... Malgré la distance, je les vois, là, de mon banc : ils nous saluent, nous sourient, signent quelques autographes puis entrent dans le bâtiment. Les cris s'arrêtent alors, mais mon coeur bat toujours aussi fort. Rien que de les voir m'a fait énormément plaisir...
Une pensée soudaine m'envahit : où est passée Sylvie ? Je la vois arriver en courant, essoufflée.
Sans un mot, elle s'approche de moi, me saisit par le bras et me traine vers le bâtiment.

- Vite, il a dit 10 minutes !!! souffla ma tutrice.
Je la regarde, perdue, essayant de comprendre la situation.
- J'ai réussi à discuter avec David !!! m'expliqua-t-elle. Je lui ai expliqué ton cas et il m'a dit qu'exceptionnellement tu pourras les voir de près, mais juste 10 minutes !!!
Mes yeux s'ouvrent en grand, je suis figée. Ce n'est pas possible, non...
- Vite !!!!

On voit alors David qui nous ouvre la porte, j'entends des fans crier, qui elles aussi veulent entrer.
Toujours trainée par Sylvie, on suit le manager qui nous mène à une porte. Je vois alors écrit dessus "Tokio Hotel", avec une étoile en dessous. Mon coeur s'emballe...

- Vous m'avez compris, rappela le manager, 10 minutes, c'est d'accord ?
- Bien sûr, je vous remercie infiniment, lui répondit Sylvie.
Toujours surprise, je regarde David avec un air idiot.
Il ouvre la porte, dit quelques mots puis nous regarde. Je vois des mains s'agiter derrière...
- Je dois voir le réalisateur de l'émission, nous prévient-il. A mon retour, vous devrez partir.
- Très bien.

Puis il s'en va. La porte est toujours ouverte. Sylvie me pousse pour entrer mais je résiste. J'ai peur... J'ai tellement envie de les voir que ça me paralyse.

Elle réussit finalement à me faire avancer. Je baisse la tête par réflexe mais c'est trop tard... J'ai déjà remarqué le piercing de Tom...
Un grand silence s'installe, ça me rappelle le jour de ma rentrée. Sauf que là ils ne sont que 4. Et ma peur est beaucoup plus grande...
Sylvie me relève alors la tête... Et là je les vois... Assis, juste en face de moi, Tom, Georg, Bill et Gustav me regardent attentivement. Je tremble alors de tout mon corps. Je mets mes mains devant ma bouche et sens mes larmes qui coulent... Je suis si heureuse de les voir... Et comme une idiote je pleure.
Sylvie, derrière moi, me caresse le dos, essayant de me calmer...

- Bah je vois pas ce qu'elle a de si "spécial"... lança tout d'un coup Tom.
- David a encore dû fumer, soupira Georg.
- Ouais des fans qui pleurent, c'est lourd à la longue... rajouta le guitariste. A croire qu'on fait peur.
- Allons Tom, ne sois pas si sévère, intervint Bill. Elle au moins, elle n'a pas crié.
- Ah ouais, bien dit !!! rigola le bassiste.
- Vous êtes durs les gars... remarqua Gustav.
- Non, réalistes, affirma Tom. C'est chiant de voir des fans se comporter ainsi, ça soûle à force...
- Allez, vas-y mollo, conseilla Georg, ça se trouve elle capte tout ce qu'on dit.
- Aucune chance, répliqua le dreadeux, elle est p'tètre bien foutue mais elle m'a l'air bien écervelée aussi.
- Comme la plupart des fans tu sais, rajouta son camarade hobbit.
- Oui, hélas... finit par avouer le chanteur.

Et ils se mettent à rire... J'y crois pas... Mais alors pas du tout !!!
Mon sentiment de bonheur vient de mourir, laissant place à la tristesse, l'incompréhension, la solitude... La haine. David ne leur a rien dit apparemment, pourquoi ? Et pourquoi Sylvie n'a-t-elle pas réagit ? N'est-elle pas polyglotte ? A-t-elle été paralysée comme moi ?
De toute façon, je me fiche de ce qui peut arriver. Devant moi, 4 garçons se moquent de moi, l'un sourit malgré lui, les 3 autres rient aux éclats.
Je m'approche d'eux, ils me regardent.
Je leur tend alors les mains et dresse lentement mes 2 majeurs.
Ils s'arrêtent aussitôt de rire.
Ce geste, tout le monde le comprend. Que l'on soit capable de parler ou pas...

Ptit mémo pour l'héroïne ^^
*pensées*






Je me rappelle encore la première fois... Un jour où tout allait mal... Comme d'habitude.
Alors que ma mère me ramenait tranquillement jusqu'à notre domicile, je me laissais bercer par les douces chansons de la radio. C'est à ce moment que cette chanson m'est parvenue... Votre chanson. Je l'ai attentivement écouté, la musique, les paroles, la voix du chanteur...
Tout m'a plu en vous. Mes larmes de tristesse qui venaient de s'évaporer sont alors revenues pour devenir des larmes de joie, de bonheur...
C'est à partir de là que ma vision des choses a changée. Ma mère m'a rapidement acheté vos albums, je les ai écouté en boucle à en devenir malade, sur internet je ne regardais que votre actualité, vous uniquement... Mes sauveurs, mes anges.
Chaque jour j'appréhendais d'aller en cours, car j'étais toujours seule, les filles étaient trop différentes pour moi... Et j'étais trop différente pour elles. Et vous, à chaque fois, vous me sauviez de ces obscures pensées, vous chassiez les nuages de mon coeur noirci par ce monde qui m'entoure.
Chaque jour je me disais à quel point j'aimerais vous remercier pour tout le bonheur que vous me donnez, sans savoir comment je pourrais car vous êtes loin des fans... Loin de moi.
Chaque jour je me demandais comment vous dire tout ce que je ressens rien qu'à vous voir, rien qu'en écoutant vos chansons, tout en sachant mon handicap. Les mots écrits sur un bout de papier ne suffisent pas... Des actes, des paroles, des chansons... Mais non, je ne peux pas...
Chaque jour, je me disais que lorsque je vous verrais, je serai certainement la fille la plus comblée. Et ce jour-là est arrivé. J'étais loin de vous mais les sensations étaient là, la joie, l'ivresse et aussi je dois l'avouer l'hystérie se sont mêlées pour faire place au bonheur.
Et lorsque Sylvie m'a amenée auprès de vous, je ne pouvais le croire. Je n'ai même pas eu le temps de la remercier que vous étiez déjà là, en face de moi.
Comment aurais-je pu prévoir une telle situation ?
Et de telles réactions venant de vous... Venant de moi...

Mes larmes de rage s'arrêtent de couler, et sèchent lentement. Mon visage déformé par la tristesse ne cesse de vous lancer des regards emplis de haine... Mes sauveurs ont fini par me lâcher...
A voir votre réaction, vous avez très bien compris mon ressentiment. Oui, j'ai tout compris. Oui, je suis en colère. Mes mains tendues, les majeurs levés... Je suis armée de revolvers. Continuez et je tire...

- Finalement ouais, t'es plutôt spéciale... finit par dire Tom.

Il se lève alors, le visage ferme, et commence à s'approcher de moi...
Si tu crois que j'ai peur tu peux aller te brosser mon gars.
Je baisse mes bras et m'approche de lui à mon tour...

- Nathalie, arrête !!! intervint Sylvie.
Elle me saisit les bras et me retient de sauter sur Tom lui flanquer une correction.
Georg fait de même pour le guitariste.
- Hey, du calme, c'est qu'une fille !!!! dit le bassiste.
- Lâche-moi, j'allais pas la frapper ducon !! vociféra son collègue guitariste tout en se débattant.
- Mais bien sûr, rien qu'à voir ta tronche, on le voyait... ironisa Georg qui retient toujours son ami.
- Arrête Tom, c'est bon, coupa Bill en se levant. On est allé un peu trop loin, c'est tout.
- Trop même, rajouta Gustav, toujours assis. Elle a rien demandé et voilà ce qu'on lui donne...
- Alors quoi ? questionna le dreadeux au batteur. Toi ça t'énerves pas ces filles qui font que chialer et crier ?!
- Faut faire avec, répondit Georg
- Sale hobbit, tu dis n'importe quoi, comme d'habitude !!! cria Tom. Et lâche-moi !
- Tant que tu seras pas calmé non, confia le hobbit à son prisonnier.
- Tom, ça suffit !!!! intervint le chanteur tout en s'approchant de son grand frère.
- Silence tout le monde !!!! finit par crier Sylvie qui me retenait toujours.
On se calme et on parle tranquillement, on respire, on se détend, et on s'explique, d'accord ?
- Donc vous comprenez l'allemand ? demanda Georg.
- Oui, je suis polyglotte, répondit ma tutrice. Et la demoiselle que je tiens fermement contre moi vous a très bien comprise aussi...
- Je t'avais prévenu Tom... dit le hobbit à son détenu.
- Oh c'est bon !! répliqua le guitariste qui regardait maintenant le sol. Laisse-moi tranquille...
- Georg, lâche-le, il a compris là, affirma le chanteur.
- Bon, dit le bassiste en libérant le frère jumeau de Bill.
- Pas trop tôt, lâcha Tom tout en me fixant.
Je le fixe à mon tour, soufflant sur une mèche de cheveux qui ne m'empêche pas de le voir.
- *Mais qu'est-ce que tu veux, pauvre con ? Viens si tu veux te battre, je sais me défendre !!*
Je me débats alors mais Sylvie me tient fermement.
Elle lâche une main qui vient caresser mes cheveux, alors que l'autre me tient à l'écart de Tom.
- Nathalie, du calme !!! me demanda-t-elle. On va leur expliquer et ils comprendront, d'accord ?
Allez sois gentille ma belle, redeviens la jeune fille toute souriante, comme ces derniers jours...
- *Mais comment ?! Non, je peux pas... Je peux plus*
- Ma belle, tu veux leur dire quelque chose ?
- *Leur dire quoi ?! Mais je peux pas parler Sylvie, l'aurais-tu oublié ?*
- Allez accouche, t'as pas la langue dans ta poche non ? siffla le guitariste.
- TOM !!! hurla Sylvie.
- Quoi encore ? dit-il blasé.

Non, c'en est trop. J'en ai marre. C'est fini. Cette situation m'insupporte. Je réussis enfin à me défaire de l'emprise de Sylvie et... Me jette sur la porte, qui s'ouvre, laissant apparaître David. Rien à foutre de lui. En m'échappant, je le bouscule.

- Hey...?! lâcha-t-il, surpris. Mais qu'est-ce qui lui prend ?
- NATHALIE !!!!!

J'entends encore le cri désespéré de Sylvie qui essaie de me rattraper.
Je sors du bâtiment, le souffle court. Oh non... J'avais oublié les fans... Elles me regardent bizarrement, se posent des questions. Pas le temps de réfléchir. Malgré ma respiration saccadée, je me remets à courir, les cheveux en bataille, sans regarder derrière si on me poursuit. La voiture n'est plus très loin, mais pas question d'attendre à côté que Sylvie revienne. Je remarque des sanitaires libres, gratuites d'accès. Je m'y enferme, m'écroule et me remets à pleurer de plus belle.
Je repense à Sylvie, qui s'est donnée corps et âme pour moi, et voilà comment je la remercie.
Elle m'a tant donné, je n'ai fait que recevoir... Et décevoir. Oui, j'ai déçu tout le monde.
Je ne pourrais plus jamais regarder en face ni Sylvie, ni mes parents... Ni les Tokio Hotel...

Ptit mémo pour l'héroïne ^^
*pensées*
"langage des signes"




Lentement, mes yeux s'ouvrent... Le temps de mon chagrin, Morphée est venue m'accueillir.
Seule dans les sanitaires... Le silence qui m'entoure est pesant. Seule je le suis, seule je le reste.
Je finis par me lever, lentement, et me rince le visage. Le noir de mon mascara coule... Je savais bien qu'il ne fallait pas que je me maquille.
Je m'appuie sur le lavabo, reprenant mon souffle... Je ne veux pas sortir... Je ne veux plus retourner dans ce monde qui ne me veut pas, qui me repousse, qui me déteste. Mais en réfléchissant bien, c'est moi qui n'en veux plus. Je ne vois plus d'issue pour mon avenir...
Je finis par sortir, en espérant ne pas avoir empêché les passants de se soulager... Et là je la vois... La voiture de Sylvie, là, garée devant moi... Et Sylvie à l'intérieur, la tête basse. Un lourd sentiment de culpabilité m'envahit, et m'arrache de nouvelles larmes. Je mets mes mains sur ma bouche et mon ventre, espérant me calmer. Mais je n'y arrive pas... J'ai... Tellement honte de moi... Je ne mérite pas tout ce qu'on m'a donné... Je ne mérite pas l'amour de mes parents... Je ne mérite pas la gentillesse de Sylvie... Ni de la pitié des autres... Je ne suis qu'une gamine capricieuse qui ne sait jamais ce qu'elle veut. Et quand ça tourne mal, je me mets immédiatement en colère... Je suis si instable... Limite schizophrénique... Une partie de moi que je déteste, mais que je dois assumer...

- Nathalie !!!
La porte de la voiture s'ouvre bruyamment, laissant voir la jeune femme sortir, l'air affolé.
Je la regarde, les mains crispées sur mon pull.
- *Ne t'approche pas... Oublie-moi, je ne suis qu'une sale gosse*
Sylvie s'approche de plus en plus, son visage se referme, elle a l'air en colère. Je ferme les yeux et m'apprête à recevoir ma punition... Je sens alors son corps contre le mien. Mes yeux se rouvrent systématiquement.
- Idiote, où étais-tu passée ?! J'étais morte d'inquiétude !!!! Allume ton portable, bon sang...
Sa voix tremble, ses mains qui me serrent tremblent, tout son être tremble. Je passe mes mains autour de son cou et l'enlace à mon tour. Elle pleure... En ce moment je me sens encore plus minable...

Je caresse ses cheveux ondulés, ce qui la calme peu à peu. Les passants nous regardent étrangement mais ne disent rien... Il n'y à rien à dire de toute façon.
Sa tête posée sur mon épaule, Sylvie semble plus détendue. Elle ne tremble plus. Malgré son apparence chétive, je l'ai toujours vu comme une personne déterminée et enjouée... Forte... Mais personne n'est insensible à la douleur causée par les blessures... Par l'amour...
Elle relève alors sa tête et me fait un bisou sur la joue gauche...

- Ne refais plus jamais ça, d'accord ?
Sa voix est calme, douce... Ce qui me fait culpabiliser encore plus. Je regarde alors ses sublimes yeux vert-bleu et lui rend la bise, et l'enlace de plus belle. Je ne peux y croire... Elle veut encore de moi... Finalement, on veut encore de moi. Le monde me veut donc encore un peu, quelque part...
- Allez rentrons, dit-elle en me prenant la main, sinon les parents vont s'inquiéter.

Main dans la main, nous rejoignons la voiture. Le trajet se passe en silence, Sylvie profitant des rares feux rouges pour me caresser la main...
En allumant mon portable, je constate en effet qu'elle a essayé de me joindre... 23 appels... Je ferme les yeux, mordant ma lèvre inférieure, et m'efforce de ne pas repleurer. Tout va bien maintenant. Malgré les erreurs faites, il faut avancer et vivre avec...

- Tu vas bien ma puce ? demanda Sylvie en me carressant le bras.
- "Oui, je vais mieux, merci beaucoup", répondis-je en la regardant.
- Ah j'aimerais te répondre comme il se doit mais comme je conduis... sourit-elle.
- "Non, je comprends, ne t'inquiètes pas", la rassurai-je.
- Sinon, pour en revenir à ce qui s'est passé...
Une crainte soudaine m'envahit... Je me remords la lèvre et regarde la route devant moi.
- Nathalie ?
Mon regard se perd au loin...
- Tu... Si tu ne veux pas le savoir, je ne dirais rien, je comprends tu sais...
- "Non, dis-moi ce qui s'est passé, je veux savoir"
Elle me regarde un court instant, me sourit, puis reprend la conduite.
- Donc comme tu t'en doutes, après ton départ c'était la panique générale... J'ai essayé de te rattraper mais David m'a retenu, exigeant qu'on lui explique la situation...
J'avale ma salive... Je me sens si stupide... Je n'aurais pas dû fuir, j'ai laissé Sylvie seule, pour résoudre un problème qui n'est pas le sien...
- ... Je lui ai donc dit ce qui s'était passé, non sans mal car les garçons étaient assez... Euh surpris par cette situation. Je ne te cache pas que ton geste a été très critiqué... Ils n'étaient pas très contents, limite furieux... Mais quand je leur ai dit ton... Ta... Situation... Ils ont finalement compris, et se sont excusés...
David aussi s'est excusé de ne pas les avoir prévenus... Et moi aussi je me suis excusée pour toi, car je sais que tu as mal agis malgré toi...
La voiture s'arrête à un feu rouge, je profite de cet instant pour confier mes craintes.
- "Mais après, ça allait ? Je veux dire, ils avaient une interview après, et j'ai dû les mettre de mauvaise humeur..."
Le feu passe au vert, ma tutrice reconduit alors, malheureusement.
- Oh, ne t'inquiètes pas pour ça, ce sont des pros tu sais.
Par contre je pense que Tom ne te porte pas trop dans son coeur..
- *Rien à foutre*
Mais en pensant ça, je sentais mon coeur crier de douleur... Parce que je sais qu'au fond il n'est pas le seul à me détester. Les autres et David aussi...
Je sens alors Sylvie me caresser les cheveux.
- Allez c'est fini maintenant, puis tu verras bien si ça allait ou pas samedi.

Oui, c'est vrai, l'interview de leur tournée va être rediffusée.
Je soupire, soulagée, et repose ma tête sur le siège de la voiture... Une sensation étrange m'envahit... Un doute me submerge... Mes yeux s'ouvrent de plus en plus au fur à mesure que ma crainte se justifie.
Je relève ma tête et regarde Sylvie, qui s'inquiète alors.

- Tu te sens mal ma puce ?
J'hoche la tête pour dire non...
Je caresse alors mes cheveux... Je regarde Sylvie, sa réaction...
- Tu as perdu ta pince !!!
- ...

Sans doute lors de mon altercation avec les garçons... Ou quand je me suis enfuie... Je ne sais plus...

Sylvie a longuement insisté pour retourner au studio voir si quelqu'un l'avait trouvé, mais je ne voulais pas retourner là-bas. Elle y est donc retournée seule, mais personne ne l'a trouvé. Ma belle pince en forme de papillon, sertie de cristaux de multiples couleurs.
Une pince que mon père m'avait offerte alors que j'avais 6 ans...

Malgré la lenteur des jours, samedi est arrivé.
Dans mon lit. Je n'ai plus envie de rien, j'ai l'impression d'avoir tout perdu ce jour-là...

- Nathalie, viens vite, ça va commencer !!! cria Sylvie du salon.
- ...
- Allez, dépêche-toi !!!
- ...
Je continue d'ignorer ses appels. Je serre très fort ma peluche en forme de fraise et ferme les yeux.
Je ne veux plus les voir... Car je ne le mérite pas...
La porte de ma chambre s'ouvre alors, laissant apparaître ma tutrice.
- Vite, en bas !!! dit-elle en me tirant par le bras.
- *Non*
- Allez, tu vas le regretter après, j'en suis sûre !! m'assura Sylvie qui me tirait toujours malgré ma résistance.
- *Non, c'est non !!*
- Maintenant ça suffit, cesse de faire la gamine !!! Elle me tire alors, mais cette fois-ci vers mon miroir.
Regarde-toi !!! Regarde à quel point tu te détruis !!!
Je me regarde alors dans le miroir... Je vois une fille habillée d'un jogging blanc Adidas, de taille moyenne, les cheveux noirs allant jusqu'au bas du dos, des yeux tout aussi noirs, le corps plutôt mince... Une asiatique. A côté d'elle se trouve une jeune femme, plus petite qu'elle et plus belle. Se joint alors à elles une autre femme, habillée d'un jean bleu et d'un haut en col V blanc. Une élégante française. Ma mère. J'ai été adoptée...
- Viens par là ma chérie, dit ma mère, me tenant par les épaules.
Je me laisse guider, elle m'asseoit sur mon lit et se met à ma gauche, pendant que Sylvie allume ma télévision, puis se met à ma droite. Je regarde malgré moi, mais au fond j'en mourrais d'envie...

L'émission commence...
J'agrippe les mains des deux jeunes femmes qui m'entourent. Les deux femmes de ma vie...
L'interview va débuter, je vois les garçons entrer sur scène. Ils sont comme d'habitude... Toujours aussi souriants... Sylvie a raison, ce sont des pros... Des pros de l'imposture... Mais le temps n'est pas à la haine car quand on hait on finit par perdre son temps.
Mon attention se pose malgré moi sur Tom, assis à côté de Georg. Pourquoi lui ? Peut-être que quelque part il me plaît... Non !! Je le hais !!! Et tant pis si je perds mon temps à le haïr...

Je sens alors les mains de mes bienfaisantes se crisper.
Je les regarde tour à tour, ne comprenant pas leur geste.

- Regarde bien et tu comprendras... me conseilla Sylvie, les yeux grands ouverts.
- Le type à la casquette... Il... commença ma mère, le regard posé sur le poste télé.

Je regarde alors la télévison. Deux personnes portent une casquette, Gustav et Tom.
Je fixe alors Gustav mais je ne vois rien, il est comme d'habitude... Toujours aussi calme, ne répondant que rarement aux questions posées.
Mon attention se porte alors sur Tom... Hmmm... Il est... Non, ce n'est pas le moment... Je le vois rire à une phrase qu'a dite Bill et écarquille alors les yeux. Ce... C'est pas possible...

- Elle était pas si loin que ça... affirma ma tutrice, me caressant les cheveux.
- Tu crois que tu pourrais la récupérer ? questionna ma mère.

Je reste abasourdie par ce que je viens de voir. La récupérer ? Non, je ne pense pas que je le pourrais...
Mes yeux restent fixés sur Tom, son t-shirt... Où ma pince est soigneusement accrochée...

Ma pince noire... Accrochée sur son t-shirt blanc. Un très beau contraste...
Je dois l'avouer, même si ça peut paraître stupide pour un garçon d'accrocher une pince sur son
t-shirt, ça lui va bien... Très bien même...
Assises sur mon lit, nos regards restent scotchés sur l'écran, où l'interview continue de plus belle.
Et où la pince commence à se faire remarquer...

- Tom, qu'est-ce que c'est que ça ? demanda le showman en montrant la pince.
- Ah ça ? dit Tom en prenant la pince. Un cadeau d'une fan.
- Un cadeau, c'est ça... ironisa Georg.
Bill rigole discrètement, alors que Gustav mate la pince.
- Puis-je voir ? questionna le présentateur. Enfin, montre-là à la caméra sinon.
Il s'exécute. Gros zoom sur la pince. Pas de doute. C'est bien la mienne. Mes mains se crispent...
- Très jolie, vraiment !!! s'exclama l'interviewer. Un cadeau bien original...
- D'une fan tout aussi originale... affirma Tom.
- Vraiment ? s'intéressa l'interviewer. Peux-tu nous en dire plus ?
- Excusez-moi mais l'interview n'était-elle pas censée porter sur notre tournée ? intervint Bill.
- Ah... Oui, désolé, reprit showman. Donc les garçons, ça vous fait plaisir de retrouver vos fans françaises ?
- Toujours, répondit le guitariste, on a toujours été très bien accueillis en France, ça fait vraiment plaisir.
- C'est un vrai bonheur pour nous de revenir en France, affirma son petit frère, les fans françaises nous aiment beaucoup, ça nous touche énormément.
- En plus à chaque fois on a de plus en plus de fans qui viennent nous voir, qui font l'effort de se déplacer, on voit de nouvelles têtes, constata Georg. Une aventure enrichissante en somme.
- Très enrichissante même, rajouta malicieusement Tom.
- Pour nous, chaque fan est unique. Sans elles, nous ne sommes rien, conclut Bill.
- Avez-vous déjà rencontré des fans qui vont ont marqué ?
- Oh oui !!! s'exclama Tom, tout sourire.
- Assez récemment d'ailleurs... ajouta le chanteur.
- Pouvez-vous en dire plus ?
- Pas si longtemps que ça, nous avons rencontré une fan qui ne peut pas parler... commença Bill.
- Très mignonne... ajouta le bassiste.
- Mmmmh, j'avoue, avoua Tom en tripotant la pince.
- Mais c'est fabuleux !! s'écria showman. Mais... Comment avez-vous fait pour dialoguer avec elle ?
- Une interprète était avec elle, rassura Bill, mais le plus hallucinant c'est qu'elle nous comprenait !!
- Ouais c'était incroyable !!!! confirma son frère jumeau.
- J'imagine que cette rencontre vous a fait plaisir ?
- Bien sûr, assura Bill, rencontrer une fan comme elle, ça n'arrive pas tous les jours.
Elle n'a malheureusement pas pu nous dire ce qu'elle ressentait, mais quand elle a pleuré ça nous a suffit pour comprendre ses sentiments...
- Encore une fan qui pleure... soupira Tom.
- Tom, une réaction ? demanda l'interviewer.
- Pas du tout, j'me disais juste que ce serait sympa de la revoir, se rattrapa le guitariste en souriant assez faussement.
- Pffffffff... lâcha alors Georg.
- Vous allez rendre les fans jalouses !!! prévint l'interviewer.
- Mais non, rassura le dreadeux, faut pas qu'elles s'inquiètent, y'a toujours de la place chez moi...
- Bah si c'est ça je la garde pour moi alors !!! lança son ami hobbit.
- Si elle le veut, ce qui m'étonnerait, répliqua Tom.
- Allons, elle pourra toujours venir me voir, dit alors Bill.
- Moi aussi je suis là... intervint alors Gustav.
- Merde on t'avait pas vu gars !!! lança Georg, qui rigole alors avec les frères jumeaux.
- Vous parliez de la fan muette ? demanda showman.
- Oui, mais bon, revenons-en à la tournée, dit Tom.
- En effet, reprit l'interviewer. Donc après votre tournée en France, vous partez au Canada n'est-ce pas ?
- Tout à fait, confirma Bill, on va donner trois concerts là-bas, puis faire une courte halte aux Etas-Unis, et enfin revenir en Allemagne.
- Très bien les garçons, merci infiniment pour cette interview, conclut showman, j'espère que votre tournée va bien se passer et que vous retrouverez cette fan.
- Merci pour tout, rendez-vous à Paris !!! dit le chanteur avec un sourire éclatant.
Et ils partent sous les applaudissements du public, accompagnés de quelques cris de fans...

Sylvie se lève et éteint la télévision. Je reste assise, le regard figé. Ce sont vraiment des hypocrites.
Me revoir, alors que je les ai insultés ? Quelle belle connerie !!! Et Tom qui ne lâchait pas une seconde ma pince... Mais quel enfoiré... Non, calme... Si je m'énerve, je vais encore mal agir malgré moi...

- Tout va bien ma chérie ? me demanda ma mère qui me caressait le bras.
- Un peu déboussolée je suppose, constata Sylvie.
J'hoche la tête, faisant oui. C'est le cas
- Allez viens, on va préparer le dîner, ça va te changer les idées... proposa ma mère.

Le dîner se passe dans le plus grand calme.
Une fois le repas fini, je monte dans ma chambre et constate avec surprise sur mon portable la réception de 3 messages... De numéros inconnus...
"Espèce de salope, t'auras jamais les TH !!!"
"Ils ont eu pitié de toi, rêve pas trop"
"Rapproche-les encore et j'te bute !!"
N'im... N'importe quoi... La main tremblante, j'efface vite fait ces sms... Alors que mon portable vibre, me signalant un appel... Anonyme...
- Hey sale trainée, t'as quelque chose à dire ?! AHAHAHAH !!!
Et ça raccroche... Nouvel appel, je décroche, comme une idiote...
- Espèce d'adoptée !!

Là je raccroche... Mais mon portable ne semble pas vouloir se calmer, vibrant de plus belle...
Appels, messages, toujours de numéros inconnus... Mais comment ont-ils eu mon numéro ? Je... J'ai beau réfléchir, je ne vois qu'une possibilité... Audrey et Charlène... Je sens alors une profonde déception m'envahir, et des larmes de rage sortent dévaller sur mes joues. J'arrache la batterie de mon portable qui n'en finissait plus de vibrer et m'écroule dans mon lit, larmoyante...
Je pensais avoir enfin de vraies amies, mais je me suis trompée...

Reprise des cours... Alors que je ne sais pas encore quoi faire de mon avenir...
Je reste dans la voiture jusqu'à ce que la sonnerie retentisse. Pas question de traîner dans les couloirs... Surtout après ce week-end mouvementé...
Alors que sonne le glas, je fais la bise à Sylvie puis cours jusqu'en salle 201, où Teacher s'apprêtait à fermer la porte...

- Oh, entre vite, tu arrives à temps, me dit-elle.
Je regarde alors les places libres... Juste une, à côté de Jeff...
TOC TOC. La porte s'ouvre, laissant apparaître une jeune femme.
- Amanda ? Excuse-moi de t'interrompre, faut qu'on parle du planning pour le bac...
- Très bien j'arrive. En attendant, sortez le devoir que je vous ai donné, et restez sages, prévint notre professeur.
CLAC. La porte se referme derrière elle, me laissant seule au milieu de cette classe inconnue...
- Nathalie, ça va ? me demanda Charlène qui venait de me rejoindre.
Je garde la tête basse. Qu'on me laisse tranquille...
- La fille dont parlait les TH c'était toi non ? questionna Audrey, qui était à côté de Charlène.
- Mais bien sûr que c'était elle, dit alors une voix féminine, t'en connais toi des filles qui savent pas parler ?
- Oh toi la ferme !! lança Audrey. Et c'est pas qu'elle sait pas, c'est qu'elle peut pas.
- Peu importe, continua la même voix. Alors, mademoiselle est heureuse ? Elle a pu approcher ses idoles et chialer devant eux, histoire de les émouvoir ?! C'est pathétique...
- TU es pathétique, Coralie !! affirma Charlène. T'es jalouse, rien de plus.
- Moi, jalouse ? D'elle ?! Fais-moi rire !!! ricana la voix, donc Coralie.
- Les filles du calme, vous vous disputez pour rien !! intervint une voix masculine.
- En même temps, c'est ça les filles : crêpage de chignon à gogo... dit alors un autre garçon.
- Allons, je ne fais que dire la vérité : elle n'est pas aimée. Oui ma grande, personne ne t'aime, on t'utilise, même ces filles qui se prétendent tes amies t'utilisent, t'es qu'un boulet !! Personne ne veut de toi, reste seule dans ton coin, ça nous fera du bien... lâcha Coralie.
- Maintenant tu vas la fermer sinon ça va mal aller !!! menaça Audrey.
- Oh mon dieu j'ai peur... ironisa alors Coralie.

Audrey s'éloigne alors de moi, suivie de Charlène... Quant à moi... Je fais face à la réalité...
Des bruits se font entendre au fond de la classe, mais je ne percute pas.
Seule... Vraiment ? Personne ne m'aime... Non, c'est faux !! Mes parents m'aiment, Sylvie m'aime... Audrey aussi, ainsi que Charlène... Et les professeurs aussi... Mais... Est-ce de l'amour, de l'affection... Ou de la pitié ?
Les cris ne semblent pas vouloir se calmer... J'ai mal au crâne...
Au fond je le sais très bien que personne ne m'aime... Je l'ai bien vu ces derniers jours... Ces appels... Ces messages... Le regard noir de Tom...
Cette fois-ci ce n'est pas un poing violemment écrasé sur la table qui fera revenir le silence... Et de toute façon, je n'ai pas le coeur à ça... Mon coeur souffre, tout simplement...
Je couvre mon visage de mes mains et m'écroule de peine sur la table...
Le monde ne me veut plus... Personne ne me veut...




Je posterai la suite demain, promis ^^
Encore pardon u_u"
Bonne soirée les girl's
Kissssssssssssssss
Tsuki =3

P'tit mémo pour l'héroïne ^^
[écriture]


Les différences... Voilà par quoi on est jugé... Que l'on soit de couleur différente, d'un look différent, d'un comportement différent, qu'on ait des goûts différents... Tout y passe.
Moi je suis différente aussi... Ma peau est mâte, je ne m'habille pas comme toutes ces filles à la mode, je ne me comporte pas comme elles non plus...
Parce que je ne peux pas me le permettre... Parce que je ne peux pas parler, tout simplement...
Où pouvais-je donc trouver une issue à tout cela ?! Nulle part... J'ai tout essayé, et tout a échoué...
Le chat par internet me paraissaît être la meilleure solution... Pas besoin de parler via la voix, le clavier parle pour nous, guidé par l'action de nos doigts. J'ai rencontré ainsi plusieurs personnes, qui me disaient combien elles m'adoraient, qu'elles étaient vraiment contentes de me connaître... Moi je l'étais encore plus, mais en même temps je ne cessais d'avoir des remords car je vous cachais la vérité... Que vous n'avez jamais connu, car jamais nous ne nous sommes vus. Mais en constatant que vous préfériez d'autres personnes, que vous les aimiez bien plus que moi, je m'étais alors senti trahie... Menteurs... Hypocrites... Je vous ai alors détesté, et peu à peu je vous ai ignoré, et vous avez alors fini par me lâcher... Ce que je n'ai pas compris à l'époque, mais que je comprends maintenant. Oui... J'étais tout simplement jalouse... Une gamine qui ne pouvait pas se contenter d'avoir des amis "virtuels", non, il fallait qu'elle se les approprie aussi...
Quand j'y repense encore, je me dis à quel point j'étais stupide... Mais par la suite je l'étais moins.
Lorsque l'on se sent seul, que personne n'a besoin de nous, que le monde même se ferme à nos espérances, n'importe quelle "idée" saugrenue peut nous parvenir... Une surtout... Le suicide...
Je mentirais en disant que cette éventualité ne m'a jamais traversé l'esprit... En finir avec la vie, car la vie ne te veut plus... C'est si facile... Et si égoïste !! Je ne peux m'empêcher de détester, même haïr ces personnes, la plupart plus jeunes que moi, qui se suicident sur un coup de tête... Alors qu'ils ne pensent pas à ceux qui sont morts et qui auraient voulu vivre... Tout simplement... Vous êtes si lâches... Vivre, c'est justement avoir du courage d'endurer les difficultés quotidiennes... Vivre, c'est affronter les malheurs et bonheurs auprès de ceux qu'on aime... Car oui, il y a toujours quelqu'un, quelque part, qui pense à nous, qui nous aime, et sans qui l'existence ne serait plus la même. Avez-vous réfléchi à ça, lorsque vous avez rendu votre dernier souffle ? A la tristesse que votre acte engrange, à la douleur qui restera permanente, et surtout à cette question : POURQUOI ?
Moi-même je me demandais pourquoi je m'entêtais à vouloir sympathiser avec des filles qui n'étaient pas comme moi. J'aurais pu en finir en me suicidant... Ce serait trop facile, n'est-ce pas ? Mais moi je ne suis pas lâche... Je continue cette vie que Dieu a bien voulu m'octroyer, pour que mes parents qui n'ont pas le même sang que moi puissent être fiers... Pour qu'un jour je puisse enfin trouver les personnes qui resteront à jamais dans ma mémoire. Car il n'est jamais trop tard... Pour tourner la page et commencer une nouvelle vie...


Une douce chaleur vient alors rompre mes sombres pensées... Les rayons du soleil filtrant à travers la fenêtre viennent me caresser le visage et me réveillent en douceur... Mais est-ce tout ?
Une autre chaleur m'entoure de sa présence... Une chaleur humaine...
Mes yeux s'ouvrent lentement, je sens mes joues crispées par mes larmes... Je vois du noir... Puis de la lumière... Des visages me regardent...

- La princesse s'est enfin réveillée...

Une voix... Cette voix si proche de moi... Qui vient d'en haut...
Est-ce toi, Dieu ? Suis-je encore en train de rêver ?
Je relève alors la tête, m'attendant à voir l'être céleste... Je tombe alors sur un doux regard bleu-gris...
Je retourne alors mon regard et vois les visages qui me regardaient... Audrey et Charlène... Et d'autres dont je ne connais pas les prénoms... Juste à ma gauche, assise sur ma chaise, Teacher... Mais où
suis-je assise alors ?! Une pensée me traverse l'esprit... Je me retourne vers ces yeux bleu-gris... Le propriétaire de cette magnifique paire d'oeils porte un pull noir, sans doute le noir que j'ai vu en me réveillant... Cette même personne se trouve juste à côté de Teacher... Donc ça ne peut être que... Jeff... Et moi je me retrouve sur lui...
Je gigote alors pour sortir de son étreinte...

- Hé doucement, tu vas tomber !!! me prévint Jeff, qui me tient alors plus fermement.
- Au moins elle est en forme, rigola Audrey.
- Je vous l'avais dit Madame que c'était pas la peine de l'emmener à l'infirmerie, elle en a dans le ventre cette fille, assura Charlène.
- Oui, je suis rassurée, de voir que Coralie et toi n'ayez rien de bien grave... dit Teacher.

Je me retourne alors, toujours dans les bras de Jeff... Coralie... Elle a les yeux rouges... Et quelques griffures sur le visage et sur le cou... Elle s'est battue avec Audrey et Charlène ?! Je dirige alors mon regard sur elles... La lèvre en sang pour Audrey, un petit bleu sur le visage pour Charlène...
Malgré tout, elles me sourient. Je leur souris à mon tour... Mais mets fin à ce sourire malgré moi car quelque chose me démange...

- Tchhhhhhhhhhhh !!!! éternuai-je.
Tout le monde me regarde avec de gros yeux... J'essaie de me cacher dans mes bras, gênée...
- Trop mignooooooooooonne !!!! s'exclama Jeff, me serrant plus fort.
- Zut, on aurait dit un bébé qui faisait son rot !! plaisanta Charlène.
- Allons allons, ce n'est qu'un éternuement !!! affirma le professeur, qui souriait malgré tout.
- Mais c'était bien mignon c'est vrai, avoua Audrey.
- Dingue, elle peut faire du bruit !!! dit alors une voix féminine.
- Evidemment, quand elle pète aussi elle en fait !!! ajouta une autre voix.
- Sûr, même quand elle respire elle en fait. Et quand elle a les yeux fermés elle ressemble encore plus à un nourrisson... dit Jeff.
Euh... Et si on reprenait les cours ?
- Bien, puisque tout est rentré dans l'ordre, reprenons les cours, coupa Teacher.
Roooooooooooooooo général, mais qui ne change rien à sa décision.
Elle se lève puis se dirige vers le tableau.
- Mais Madame, il reste que 20 minutes !!! constata mon voisin.
- Peut-être mais je vous rappelle que le Bac approche, répondit-elle, et en 20 minutes on peut en faire des choses... Comme corriger le devoir que vous deviez faire pour aujourd'hui ?
Allez donnez-moi ça, je ramasse !! Et Jeff, repose Nathalie sur sa chaise !!!!
- Rooooooooooh mais elle est très bien ici. Hein que t'es bien là, princesse ? me demanda-t-il.
Il me regarde alors. Je fais "non" direct, trop intimidée...
- Jeff !!! cria Teacher.
- Oui j'ai compris, finit par dire Jeff. Un ptit câlin d'abord et je la repose...
Et là il me serre dans ses bras... Je sens son souffle dans mon cou, ce qui me fait frissonner... Je ferme les yeux, priant pour que cet instant ne s'arrête pas...
Mais il finit par relever la tête et me pose doucement sur ma chaise...
- Merde Jeff, pour draguer ya mieux tu sais ?
- Dis pas n'importe quoi, Alex...souffla Jeff.
- Je sais... confirma Alex. T'as une copine, c'est pas possible pour toi...

Je soupire... Oui, c'est normal... Jeff est très charmant... Et très gentil, je l'ai bien vu... Quelque part je pensais sans doute pouvoir être avec lui... Mais tant pis.
Je tends ma copie à Teacher qui la prend, puis celle de Jeff.

- Bien, nous allons maintenant corriger ce devoir, qui avait pour thème le futur. Qui veut commencer ?

Le futur... Comment le vois-je ? Je suis restée bloquée devant ma feuille, me demandant ce que je pourrais faire à l'avenir, pour rendre le monde meilleur... J'ai alors écrit une idée et l'ai développé tout le long... Aider les gens, à ma façon...
Je vois le tableau se remplir de mots, de phrases que Teacher a retenu...
Moi aussi j'aimerais pouvoir le remplir...

- Hey Nath', mate ça... me chuchota mon voisin.
Intriguée par sa phrase, je me retourne malgré moi... Et là je vois...
- Avec ça, tu vas cartonner, me confia Jeff, tout sourire.
Je le regarde, perplexe...
- Vas-y, fonce !!! me lança-t-il. C'est le moment !!
En effet, le moment est bien choisi. Je vois Teacher qui interroge la classe sur un mot de vocabulaire.
Témoin. Je saisis alors l'objet que m'a donné Jeff et commence mon oeuvre...
- Ohoh, c'est bon ça !!! lâcha Jeff, tout en me matant.
- Jeff !!! hurla Teacher. Au lieu de draguer ta voisine, aide plutôt tes camarades !!
Comment dit-on "témoin" alors ?
- Aucune idée, répondit tranquillement mon camarade de table, mais je crois que Nath' a la réponse.
Je sens alors les regards braqués sur ma personne. Un autre moyen d'attirer les curieux on dirait...
- All... Voyons Jeff, reprit le professeur, cesse de dire n'importe quoi, tu sais bien que...?!
Elle s'arrête alors de parler en voyant mon acte... Sa main droite passe alors sur sa bouche, puis retombe sur sa hanche, son visage laissant voir un sourire...
Je souris alors à mon tour, les mains levées, tenant le précieux objet que Jeff m'a donné...
Une simple ardoise avec un feutre... Où le mot "witness" était maintenant écrit...

En un instant ma vie s'est éclairée... Grâce à cette ardoise, j'ai enfin eu l'impression de pouvoir communiquer avec ma classe, ainsi qu'avec les professeurs. Je peux maintenant donner mes impressions, même si le risque de me faire voler mon idée est élevée... Mais personne ne l'a fait... Maintenant je peux l'avouer... Ma classe est géniale.
L'affaire Coralie a eu quelques répercussions, mais elle n'a pas été renvoyé, et j'en suis plutôt rassurée, car le Bac est pour bientôt. Même si elle ne me porte toujours pas dans son coeur, elle reste une personne très intelligente. Et elle ne me cherche plus d'ennuis, elle m'ignore, tout simplement...

Maintenant, personne ne peut se moquer de moi sans se frotter à Jeff... Mon nouveau garde du corps.
Alex, meilleur ami de Jeff, est toujours là pour le soutenir... Et toujours avec moi, Audrey et Charlène...
Par ce fait, les brimades ont diminuées, pour ne plus exister. Et j'ai enfin ma propre "bande" avec qui trainer, qui m'apprécie telle que je suis... Avec qui passer les jours à s'amuser, à réviser, à passer le temps tout simplement... A redécouvrir les plaisirs de la vie, comme les sorties, les fous rires, ou même sourire tout simplement.
Chaque soir après les cours je rentrais avec ce visage radieux. Et à chaque fois mes parents ainsi que Sylvie étaient de plus en plus heureux... Et moi je l'étais alors encore plus...

Dernier jour avec ma bande, au lycée... Le Bac nous tend les mains.
Encore 3 semaines et je monte à Paris voir les Tokio Hotel au Parc des Princes. La dernière fois c'était pour la fête de la musique... Cette fois-ci ce sera le lendemain de la fête nationale.
Le stade sera plein, je n'en doute pas. Sylvie sera avec moi pour le voyage. Etant une personne très prévenante, je ne m'inquiète pas pour le trajet... Je me demande même si elle n'a pas trouvé un quelconque moyen pour savoir où logeront les 4 garçons...

- Nath' ? T'es avec nous ? questionna Jeff.

Je le regarde alors. Encore en train de rêvasser...
Encore une petite demi-heure et on entame les derniers cours de la semaine...
Les derniers de notre année...
Nous sommes tranquillement assis sur l'herbe, moi, Jeff, Alex, Audrey et Charlène.
Ma tête repose tranquillement sur les cuisses de Jeff, qui me caresse les cheveux.

- Tu rêvais encore c'est ça ? demanda Audrey.
Je confirme d'un mouvement de tête.
- Ahlala, trop mignonne, dit Jeff.
- Papa gâteau va !!! lâcha Alex.
- Pfffffff t'es jaloux parce qu'elle t'aime pas comme elle m'aime moi
- N'importe quoi, hein que tu m'aimes bien aussi Nath' ?!
Alex s'approche alors et me fait la bise, que je lui rends. Jeff fait semblant d'être outré, ce qui a le don de tous nous faire rire. Dommage que je ne puisse pas émettre de son...
- Sinon, un peu de sérieux... reprit Alex. Vous allez faire quoi après le Bac ?
- Fac de psycho, dit Jeff.
- Un BTS Esthétique-cosmétique me tente beaucoup, confia Charlène.
- Moi je pense faire un BTS Chimie... répondit Audrey.
Psycho, esthétique, chimie... Chacun suit sa route... Et moi, que vais-je faire ?
- Et toi princesse, tu vas faire quoi ? me demanda Jeff.
- Alex, t'as pas dit ce que tu voulais faire... constata Audrey.
- Moi ? Médecine.
- Courage mon gars !!!lança Jeff.
- Pask tu crois que psycho c'est mieux ?! ironisa Alex.
- Je verrais bien, rigola Jeff.
- Toi alors... Bref... Et toi... Nath' ? me redemanda Alex.
Je réfléchis... Quel avenir, pour une personne comme moi ? Je ne le vois pas... Pour l'instant. Je trouverais bien quelque chose qui me corresponde. Je ne dois surtout pas avoir de pensées négatives.
- Faudrait... Que tu penses à ce que tu aimes faire, puis là où t'es douée... conseilla Charlène.
- Elle est douée partout ça devrait aller, assura Audrey.
- Donc de ce côté là pas de problème. Alors qu'aimes-tu dans la vie ? me questionna Charlène.
- Attendez attendez... intervint Alex, fouillant dans mon sac. Tiens, écris-le.
- Mon gars tu gères !!! s'exclama Jeff.
- Qu'est-ce que tu crois... souffla son ami.
Ils se topent alors pendant que je me saisis de l'ardoise pour écrire, toujours allongée sur Jeff.
Mon ardoise... Outil indispensable pour communiquer... Que ce soit au lycée ou chez moi.
- [J'aime beaucoup de choses... Dessiner... Danser... Ecrire]
- Artiste-peintre ça t'irais ?proposa Jeff. Je serais ton mécène s'il le faut !!!
- Andouille !!! lâcha Audrey. Moi je pense que la danse c'est pas trop mal...
- C'est chaud non d'avoir un métier dans la danse ? demanda Charlène.
- Je sais pas, dit Alex.
- Aucune idée, ajouta Audrey.
- [Moi non plus], écrivis-je rapidement.
- Et top model t'en penses quoi ? lança Jeff. Avec ton physique de rêve, ça peut le faire non ?!
- Ah ouais elle a ses chances, dit Audrey.
- Euh je ne mets pas en doute son physique, intervint Charlène, mais perso je pense pas que ça le fasse.
- Moi non plus, ajouta finalement Audrey. Défiler sur des podiums, sourire par réflexe... Et le monde du mannequinat est très vicieux...Mince tu l'es, mince tu devras rester...
- Hum, c'est vrai, avec ces anorexiques qui crèvent et tout... réfléchit Jeff.
Non... Papa ne veut pas ça pour sa princesse chérie...
Sur ces mots il me prend dans ses bras et me câline.
Je ne le repousse pas, j'ai maintenant l'habitude... Et c'est tellement agréable....
Hélas, la sonnerie vient briser ce doux moment.
- Merde il recommence sa crise, dit Alex.
- Jaloux-jaloux-jaloux !!!! rigola Jeff.
- Gamin va !!!! répondit Alex.

Alors que nous sommes tous levés, Alex se met à courser Jeff qui court vers le prochain cours, la Philosophie. Nous les suivons, tranquillement.

- T'inquiètes pas pour ton avenir, me rassura Charlène, tu as encore le temps d'y réfléchir, quitte à redoubler, ça a jamais fait de mal de repiquer.
- Oui, c'est vrai, affirma Audrey. Le tout c'est que tu fasses quelque chose qui te plaise, et y'a forcément un truc qui te correspond.
- Mais en attendant...commença Charlène.
- ... Faut avoir le Bac !!!! finit Audrey.

Je leur souris et m'empare de leurs bras. C'est bras dessus-bras dessous que nous arrivons devant la salle de Philo, où Alex tente vainement d'étrangler Jeff... Qui à ma vue, se retire doucement de l'étreinte de son bourreau pour venir nous voir.
Oui, quoiqu'il arrive, ce sera à moi de le décider. Si je veux danser, dessiner... Ecrire... Ou voir Tom pour récupérer ma pince... Tout ça c'est moi qui doit le vouloir...