Serpentine - Mélanie Fazi

Les recueils de nouvelles, ça n'est pas ce qu'on trouve le plus facilement sur les étagères d'une librairie, surtout au rayon fantastique. Du moins, les recueils de nouvelles d'un auteur dont on a jamais entendu le nom. Romans, sagas de fantasy, science-fiction, bien entendu. Nouvelles ? Rares.

J'aime les recueils de nouvelles.
Je n'ai pas hésité longtemps en voyant la couverture de Serpentine, après la lecture du quatrième de couverture. On pourra enfin dire que Folio SF a compris que leurs immondes couvertures abstraites n'étaient pas géniales, en voyant celle-ci, en tout cas.

La quatrième de couverture ? Oh, oui, commençons par là :

Citation :

Une boutique de tatouage où l'on emploie des encres un peu spéciales. Une aire d'autoroute qui devient un refuge à la nuit tombée. Une ligne de métro où l'on fait d'étranges rencontres. Un restaurant grec dont la patronne se nomme Circé. Une maison italienne où deux enfants croisent un esprit familier ...
Tels sont les décours du quotidien où prennent racine ces dix histoires. Dix étapes, et autant de façade rassurantes au premier abord ... mais qui s'ouvrent bientôt sur des zones troubles. Car les lieux les plus familiers dissimulent souvent des failles, écho de ces fêlures que l'on porte en soi.
Il suffit de si peu, parfois, pour que tout bascule ...

Des quatre première nouvelle (Serpentine, Elégie, Nous reprendre à la route et Mon rêve de cendre) je retiendrais le nom avec un sourire. Et je dois d'abord avouer que le style de Mélanie Fazi me fait sans cesse balancer entre "j'aime" et "j'aime pas". Il coule parfois tout seul, parfois il s'enraye, il patine, on perd en magie. Mais quand il coule tout seul, comme dans certains passages de Nous reprendre à la route ou de Mon rêve de cendre ... C'est magnifique. C'est étrange. Mais qu'est-ce que c'est agréable à lire !

Nous avons plus des scènes qui se dévoilent devant nos yeux que des nouvelles à chute. C'est un instant, une respiration d'un univers qui se dévoile devant nos yeux. Certaines nouvelles sont plus faibles (Le passeur était franchement bof), d'autres réjouissantes d'horreur (Mémoire des herbes aromatiques était simplement splendide).

Il y a tout un côté dérangeant dans ces. Serpentine est peut être la plus "soft" dans son ambiance, dans son univers. Les découvertes, au fur et à mesure, deviennent de plus en plus étranges, perturbantes, et j'aime la manière dont c'est mené. Mon rêve de cendre et Elégie sont dans le plus pur style fantastique avec toute cette intrigante question : est-ce vrai, est-ce faux ? Où est le vrai du faux là-dedans ? Ainsi de suite ...
Il n'y a pas tellement d'actions, dans ce recueil. Des textes très axés psychologies, des instants pris sur le vif, presque, avant d'être brûlé, comme ça, en un instant. Des thèmes parfois durs, parfois simplement étrange. Mais en dire trop dévoilerait presque toute la nouvelle, et ce serait dommage ...

Peut être pas le recueil de l'année, mais en tout cas, je prends du plaisir à le lire. Un vrai plaisir. A être secouée un peu dans tous les sens par cet univers particulier.

Et ceci parlera certainement à certains : Serpentine est d'abord paru en 2005 chez l'Oxymore, avant d'être publié chez Folio SF.

ça me fait penser à un recueil de nouvelles que j'ai lu au collège, qui oscillait entre fantastique / pas fantastique, ça vaut peut-être le coup !